On nous a décrit comme un phénomène sociologique, on a voulu nous qualifier, nous cerner. On a tout fait pour nous mettre dans des cases qui ne peuvent contenir nos passions, nos rêves et nos ambitions. Nous sommes la génération multifacette, d’ingénieurs en informatique fans de sport, de filles du luxe engagées en politique, d’entrepreneurs de moins de 25 ans, de français d’origine asiatique passionnées par l’afrique et de français d’origine maghrébine élevés aux mangas japonais. Le monde n’a plus de frontières et nous sommes citoyens du monde, fruit des vagues d’immigration, de la démocratisation de l’enseignement et de la mondialisation. Internet est pour nous une fenêtre sur le monde sans avoir besoin de voyager et sur les autres sans avoir besoin de les rencontrer réellement.
On nous a taxé d’être une génération zapping, irresponsable et hermétique aux systèmes politique et corporate. C’est vrai qu’on va trop vite à faire et à défaire, à se trouver et à se détacher, à chercher et à laisser tomber. On fait des efforts pour être optimistes et idéalistes dans un monde qui semble saturer économiquement, politiquement et écologiquement.
On s’ouvre, on se lance, on va chercher ailleurs ce qui n’existe plus en France, cette liberté de se découvrir et d’être qui on est, loin des jugements et commentaires auxquels on s’est habitués. On part loin, en quête de soutien, d’encouragements, de succès, de bonheur et d’espoir. On n’abandonne pas le bateau pour autant, mais ce bateau est rempli d’individualistes agressifs qui aiment confronter, critiquer et se plaindre.
Et il y a deux mois, nous sommes devenus la Génération Bataclan. Une génération qui profite de la vie tant bien que mal, malgré un contexte économique pourri et un contexte social de plus en plus tendu. Une génération qui a soif de culture et qui se mélange. Une génération qu’on plaint et à laquelle on souhaite du courage puisqu’elle devra vivre avec une menace terroriste et des taux de chômage défiant tout concurrence. Une génération solidaire, ouverte, fraternelle qui va profiter de l’intensité de chaque instant en essayant de faire des choix authentiques, des choix qui auront du sens et en alignant son mode de vie avec ses valeurs, en mettant de côté la peur. Une génération qui va continuer à aller danser, chanter, apprécier des cuisines du monde et papoter en terrasse des soirées entières.
Une génération dont je suis fière de faire partie et qui va tenter de construire une société où il est plus facile de s’aimer, de s’exprimer et de vivre ensemble.