J’ai commencé le cours par un énorme sentiment de culpabilité car j’ai observé que j’étais déjà dans le jugement.
Très beau lieu, maison à colombages, escalier en bois, jolie salle avec poutres apparentes, grand poster des chakras qui fait bien, une image de Lakshmi et un Ganesh qui va bien avec. Et une tête de Buddha, posée à même le sol, devant un miroir qui fait face à la porte (pas Feng Shui du tout) et surtout ce pauvre Buddha… En Asie on ne pointe jamais les pieds vers le Buddha car c’est considéré comme une offense, dans ce cours ce pauvre Buddha aura vu bien davantage que nos pieds…
Après une introduction sur la discipline à avoir pour « être en yoga » et pas juste « pratiquer le yoga » et une séquence de remontrances anti-bavardages infantilisante, nous entrons dans le vif du sujet: un bon quart d’heure de « méditation »! Un non-sens total: des 8 étapes du Yoga Ashtanga, la méditation en est la dernière. La prof ne cesse de parler et nous demande d’entrer en nous. Je m’accroche à une pensée « Tais-toi donc que je puisse entendre mon moi intérieur! ». J’ai réussi à me concerntrer sur cette seule pensée pendant 15 minutes, joli exploit.
Nous commençons par une série de asanas (postures), des étirements profonds des hanches, beaucoup trop à mon goût pour un samedi matin à 9h mais tout est subjectif. Les noms sanskrits des asanas sont scandés dans le silence discipliné qui règne, ou alors c’est que personne ne parle couramment le sanskrit dans mon coin de Seine-et-Marne. Comme on aime parler chinois pour asseoir son autorité, c’est une technique de management classsique! Chaque asana est agrémentée de gadgets en tous genres : sangles à boucler, serviettes à plier et briques à se mettre sous les isquions, j’ai appris ce mot récemment c’est-à-dire sous les fesses, et j’ai appris aussi que ce mot n’était pas valide au Scrabble, ce qui me fait une belle jambe mais nous nous éloignons du sujet! Je me dis juste que je vois bien les yogis indiens s’asseoir sur des briques… Je comprends que le public occidental aime le confort seulement le yoga nous encourage à ne dépendre que de nous-même et à se détacher du matériel. Je commence donc une grêve de la sangle et de la brique.
La prof nous parle de son Maître, qui fait du yoga depuis 20 ans et qui a appris lui-même d’un maître indien. C’est le téléphone arabe le truc je commence à mieux comprendre… Attention, loin de moi l’idée de dénigrer cette prof et l’enseignement qu’elle a reçu, il a simplement été dilué et je comprends mieux ce qui se passe dans ce cours…
On continue les asanas sans enchaînement logique apparent: on va au sol puis debout puis on retourne au sol. On a la tête qui tourne mais on ne dit rien, rappelez-vous du silence discipliné enfin! On nous parle à plusieurs reprises du fil de BrahmaSutra (du quoi?) qui part de l’orteil du milieu jusqu’au nombril, on doit faire attention à la pliure des coudes qui doivent se faire face, à la graisse des hanches qu’on doit pousser vers l’extérieur, à la voûte plantaire qu’on doit essayer de soulever pendant qu’on a les jambes qui tremblent des efforts qu’on leur demande en ce samedi matin… bref un programme agréable. Je sens que vous m’enviez en lisant ces mots!
On arrive à la relaxation sansne s’être jamais échauffés. La prof a du avoir envie de se relaxer aussi pendant ce shavasana (posture du cadavre – très poétique) non guidé, je cite les instructions : « allongez-vous ». Le cours se termine (enfin) sur 3 « aum », les plus forts et violents que je n’ai jamais entendu de ma vie (et pourtant étant originaire d’une famille hindoue j’en ai pratiqué du « aum » au temple). Des « aum » sans sens, sans âme, sans vibration…il fallait le faire, ce n’est pas à la portée de tout le monde.
En résumé j’ai passé un moment physiquement et mentalement désagréable. J’aime pratiquer le yoga pour me sentir bien dans mon corps, sentir des muscles dont je ne soupçonnais pas l’existence, sentir que je respire mieux à la fin du cours, me sentir plus calme et détendue. J’aime pratique les asanas de yoga en gardant en tête que le but ultime tel qu’il est indiqué dans les Yoga Sutras de Patanjali est d’arriver à un posture confortable et sans effort.
Pourquoi écrire cet article ? Déjà parce que j’adore écrire et que je me suis sentie inpirée par cette expérience assez drôle au final. Pour vous dire aussi qu’un cours de yoga doit être un moment agréable, un plaisir même si certaines positions demandent de la concentration et de l’effort surtout quand on débute. Un cours de yoga est un moment pour vous, pas pour le prof. Si vous ne vous sentez pas à l’aise et que le yoga semble réellement vous intéresser, écoutez-vous et tentez un autre cours, une autre méthode, un autre prof, ne résumez pas le yoga à une mauvaise expérience. Cela peut arriver et c’est normal vu le nombre de cours de yoga qui florissent actuellement dans toutes les villes de France. Bon courage et n’hésitez pas à partager dans les commentaires vos bonnes expériences de yoga.
Photo à la Une par http://my-happy-yoga.com/